Cette conclusion est organisée en trois parties : nous présentons d'abord un bilan global des travaux effectués pendant ce stage puis, nous proposons certaines perspectives concernant le placement spatial dans Madeus. La dernière partie est consacrée à quelques remarques personnelles.
L'objectif de ce stage était double. Il consistait d'une part à étudier l'application des techniques de résolution de contraintes par propagation locale au problème du placement spatial d'objets, et d'autre part il consistait à mettre en oeuvre ces techniques dans l'éditeur de documents multimédia Madeus.
Le projet Opéra a déjà été confronté à des problèmes de résolution de contraintes, que ce soit pour le formateur du logiciel Thot ou plus récemment pour vérifier la cohérence du scénario temporel d'un document dans Madeus . Dans le premier cas, les solutions apportées sont très spécifiques au logiciel et dans le deuxième cas, il s'agit d'un problème de satisfaction de contraintes pour lequel le système doit trouver l'existence ou non d'une solution. Or, le placement spatial à base de contraintes dans les documents est un problème de maintien de solution et non un problème de satisfaction de contraintes : étant données une solution à un système de contraintes et une perturbation de ce système, il consiste à trouver une nouvelle solution qui satisfait l'ensemble des contraintes exprimées.
Jusqu'à présent, les techniques de maintien de solution par propagation locale n'avaient fait l'objet d'aucun travaux dans le projet Opéra. De plus, peu de synthèses existent sur ces techniques, que ce soit d'un point de vue général ou pour leur application au problème du placement d'objets. La thèse de Gilles Trombettoni qui est une contribution très poussée sur ces techniques n'a été publiée qu'en Juin 1997.
L'étude effectuée dans ce mémoire était donc importante pour le projet Opéra car elle devait servir de base pour les travaux sur l'utilisation de ces techniques de maintien de solution. Elle a ainsi été le point de départ pour les travaux concernant la visualisation et l'édition du scénario temporel des documents multimédia . Elle va également servir de référence pour la poursuite des travaux concernant l'aspect spatial de ces documents.
Au terme de ce stage, nous pouvons faire les constatations suivantes. Les techniques de maintien de solution par propagation locale répondent globalement aux besoins soulevés par le problème du placement relatif d'objets. Elles se révèlent même particulièrement intéressantes pour ce qui est de leurs performances et de leur relative facilité d'utilisation. Cependant, elles ne sont pas capables de manipuler des systèmes de contraintes avec des cycles ou des inégalités. Or, si ces limitations étaient minimisées dans les premiers articles dont nous disposions, nous nous sommes rendus compte que pour un problème de placement d'objets, elles correspondaient à des besoins réels. Des articles plus récents , montrent d'ailleurs que ces limitations posent de nombreux problèmes, quelque soit le domaine d'application considéré, et les recherches les plus avancées s'orientent sur la mise au point de techniques hybrides combinant propagation locale et techniques de résolution plus globales.
L'étude que nous avons effectuée dans le cadre de ce projet a fait l'objet d'un article dans LAMPE, un atelier de travail sur les modèles de pages électroniques .
Le second objectif défini au début de ce stage, à savoir la mise en oeuvre d'une spécification de placement spatial à base de contraintes dans Madeus, est également atteint. Du fait des limitations évoquées précédemment, cette mise en oeuvre n'a pas consisté uniquement en une phase d'intégration mais a également nécessité la recherche de réponses à certaines de ces limitations, en particulier pour gérer le problème des cycles générés par la définition de relations redondantes.
L'état actuel du prototype Madeus comprend une première version pour le placement spatial relatif des éléments pendant la phase d'édition/présentation du document. Il est à noter qu'un soin particulier a été accordé à l'indépendance de la spécification du placement spatial par rapport à la technique de résolution utilisée afin de pouvoir utiliser dans l'avenir des techniques plus complètes en modifiant le moins possible Madeus.
Cette nouvelle version de Madeus a fait l'objet de démonstrations dans des cadres industriels et académiques. Les premiers retours sont encourageants et mettent en avant le côté "naturel" de la spécification du placement spatial.
Le travail effectué au cours de ce stage doit être vu comme une première phase dans l'obtention d'un placement spatial à base de contraintes pour un document multimédia. Certains aspects, tant du point de vue technique que du point de vue des fonctions à mettre en oeuvre doivent donc être améliorés ou développés. Les améliorations envisagées concernent les méthodes de résolution de contraintes, les fonctionnalités à mettre en oeuvre et les problèmes liés plus spécifiquement aux documents multimédia.
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2.1 Problèmes liés aux limites actuelles du
résolveur
Les techniques de résolution de contraintes pour des problèmes de maintien de solution font l'objet de nombreuses recherches et l'évolution des résolveurs hybrides cités précédemment doit continuer à être étudiée.
Par ailleurs, des développements spécifiques peuvent également être envisagés, comme ce fut le cas dans ce projet pour traiter le problème des relations redondantes. Un problème qui se pose actuellement pour les déplacements des éléments est qu'ils ne sont pas bornés. Or, l'auteur peut s'attendre à que les éléments restent à l'intérieur de leur élément composite ou tout du moins à l'intérieur de la fenêtre de présentation. Ce problème pourrait être résolu en fixant des bornes pour chacune des variables représentant les éléments et en n'autorisant le déplacement des éléments, et donc la propagation des changements de valeurs, que si ces variables restent dans l'intervalle défini par leurs bornes. On pourrait également envisager un traitement plus spécifique des cycles en se basant sur les travaux du projet Opéra concernant le formateur de Thot.
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2.2 Fonctionnalités plus complexes
Les relations définies dans ce mémoire correspondent aux relations les plus usuelles mais pour des raisons de simplicité, d'autres relations non pas été développées. Nous avons vu le cas des relations sur les dimensions qui peuvent générer des cycles (section 0.0). Or, de telles relations sont nécessaires et des solutions spécifiques sont à envisager.
Une autre catégorie de relations que nous n'avons pas pris en compte concerne les répartitions d'éléments (Fig 1 ). Ce type de relations est complexe à gérer dans la version actuelle du placement dans Madeus. Une solution serait de définir des contraintes spécifiques avec les méthodes associées. Mais ces contraintes porteraient sur un nombre de variables a priori indéterminé, ce que ne sait pas gérer DeltaBlue. Une autre solution serait de décomposer une relation de répartition en plusieurs relations d'espacement entre deux éléments. Mais par la suite, ces relations doivent être traitées de manière simultanée, ce qui nécessite une approche globale de la résolution.
Fig 1. Exemple de relation de répartition
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matières]
2.3 Problèmes liés aux documents multimédia
Les documents Madeus reposent sur une approche structurée qui considère les documents selon leur structure logique. Un choix fait dans Madeus a été de n'autoriser les relations temporelles ou spatiales qu'entre des éléments appartenant au même élément composite. Ce choix a été pris pour aider l'auteur dans sa tâche de structuration d'un document multimédia. Cependant, on peut envisager dans certains cas des relations entre un élément et son élément composite (Fig 2 ), ou bien entre deux éléments de composites différents (Fig 3 ). Le premier cas nécessite la définition de nouvelles contraintes de type unidirectionnel, où le déplacement d'un élément composite modifie la position des éléments liés avec lui selon l'axe de déplacement, mais où l'inverse n'est pas vérifié. Un déplacement horizontal de A par exemple ne déplace pas l'élément composite. Un autre problème avec ce type de relations est que la définition d'une relation entre deux éléments liés avec un même élément composite génère un cycle.
Fig 2. Exemple de relation entre un élément et son composite
Le deuxième cas consiste à placer des relations spatiales entre deux éléments de composites différents. Ce cas est plus simple à résoudre que le précédent car le résolveur gère un graphe global pour l'ensemble des relations du document. Donc, la limitation imposée par la notion d'élément composite n'est que logique et peut être levée. Seulement, on perd la localité de la solution qui permet à certains traitements d'être plus performants, comme par exemple la gestion des contraintes redondantes.
Fig 3. Exemple de relation entre éléments de composites différents
Les relations spatiales pouvant être définies à chaque niveau de structure, un élément composite doit donc être caractérisé par des paramètres définissant sa position et ses dimensions. Actuellement, la représentation graphique d'un élément composite est le rectangle qui recouvre l'ensemble de ses éléments composés. Mais cette définition ne tient pas compte de l'ordre temporel de ces éléments composés et les considère comme étant tous présents à l'écran en même temps. Il convient donc de définir si la représentation graphique des éléments composites est fixe ou si elle peut varier dans le temps en fonction des éléments présents.
Enfin, un autre problème lié à l'organisation logique des documents multimédia réside dans leur décomposition. En effet, celle-ci était jusqu'à présent fortement influencée par la dimension temporelle des documents. L'auteur regroupait dans un même élément composite des éléments qui pouvaient être liés temporellement. Or, cette décomposition peut ne pas correspondre aux éléments liés par des relations spatiales. Ce problème nécessite de reconsidérer la notion d'élément composite.
Dans le cadre de ce stage, nous n'avons pas eu le temps de prendre en compte les problèmes liés aux interactions entre la dimension temporelle et la dimension spatiale des documents multimédia. Ces problèmes sont importants car ils sont spécifiques à ce type de documents.
Un de ces problèmes concerne la définition de relations spatiales entre des éléments qui ne sont pas présents à l'écran aux mêmes instants et qui ne peuvent donc pas être sélectionnés en même temps. La réponse à apporter à ce problème concerne plus particulièrement l'interface utilisateur de Madeus. Une solution serait de sélectionner de manière spécifique un élément que l'on souhaite intégrer dans une relation spatiale après sa disparition de l'écran. On garderait à l'écran le fantôme de cet élément afin qu'il puisse être sélectionné ultérieurement. Une autre solution pourrait être de garder la représentation graphique du document à certains instants significatifs et de rappeler celle qui est nécessaire à l'établissement d'une relation.
Un second problème portant sur l'aspect "spatio-temporel" des documents multimédia concerne les éléments qui ont une position variable en fonction du temps. Actuellement, les relations spatiales portent sur la position finale d'un élément, mais on pourrait considérer qu'elles s'appliquent sur chacune des positions intermédiaires prises par cet élément pendant son déplacement, comme lors d'un déplacement souris.
Un autre problème d'interactions entre les deux dimensions concerne la définition de relations spatiales temporaires. Actuellement, ces relations sont valides tant qu'elles ne sont pas retirées par l'auteur. Or, on pourrait envisager un dispositif où l'auteur définirait des relations spatiales limitées dans le temps ou bien en fonction des éléments présents à un instant donné.
Cette année passée dans un laboratoire de recherche fut pour moi une année dense et riche d'enseignements. Venant du domaine de l'informatique de gestion, j'ai eu l'opportunité de connaître un environnement totalement nouveau pour moi, tant du point de vue technique et fonctionnel que du point de vue des méthodes de travail. L'intégration de cet environnement a exigé un travail important mais fut très largement bénéfique.
En effet, le projet Opéra est à la pointe de la recherche dans un domaine concret (l'édition de documents électroniques) et l'expérience retirée s'avère utile tant professionnellement que personnellement. De plus, le domaine des documents multimédia est en pleine expansion et il est intéressant de suivre les recherches actuelles. De ce point de vue, je pense qu'un outil comme Madeus peut véritablement répondre à une attente des utilisateurs de systèmes auteur pour la conception de documents multimédia.
D'autre part, ce stage m'a fait connaître la programmation par contraintes pour laquelle beaucoup d'auteurs prédisent un avenir certain. Il m'a également permis d'améliorer mes compétences dans l'élaboration et la rédaction de documents.
Enfin, j'ai pu profiter de la proximité "intellectuelle" et géographique de l'équipe du W3C pour m'initier au domaine du Web et acquérir des connaissances de plus en plus demandées en entreprise.